Svetlin Roussev, Président de l’Union des artistes-peintres bulgares
…Un artiste possédant l’énergie spirituelle et la volonté de crée a organisé le chaos de l’univers dans un espace plastique, plein de visions cosmiques et de tristes appréhensions d’un monde damné. Les coloris du tissu tantôt angoissés, tantôt calmes et sereins, obéissant aux gestes invisibles de l’âme tourmentée du créateur, jaillissent soudain comme un lave en fusion entraînant dans le chaos et le vide les espoirs et les illusions d’un psychisme raffiné qui suit le rythme invisible de l’univers. L’espace de Baron-Renouard est à la fois défini par la beauté de la matière picturale et insaisissable dans son infini émotionnel. La peinture a transformé le temps en territoire plastique de la lumière et des ténèbres, du bien et du mal, de la douleur et de la joie qui se rejoignent et s’évanouissent quelque part dans l’au-delà pour réapparaître dans la vie du tableau, éclairés par le rayonnement de l’espoir. Une peinture libérée des convenances de début et de fin domine le temps et l’espace comme un univers de l’Esprit – la peinture de Baron-Renouard !
Une fois, dans une période difficile de ma vie, lorsque les amis s’étaient éclipsés (pour autant que les vrais étaient restés)bet les simples connaissances étaient disparues, pendant une pause entre deux réunions d’un jury international à Sofia, François Baron Renouard m’a abordé ; à un moment où j’étais seul, et a ouvert son carnet de notes dans lequel il était écrit :’’Comment vos amis peuvent-ils vous aider ?’’. Je ne me rappelle pas ce que j’ai pu lui répondre, mais cela m’était suffisant.
En réalité, beaucoup plus auparavant, le grand artiste français avait tendu la main à l’art bulgare. Et si l’on devait parler de présence bulgare en France, de ses plus remarquables manifestations au Salon d’Automne, si l’on devait parler de coopération culturelle, il faudrait incontestablement et avant tout citer le nom et l’œuvre de Baron Renouard, et cela dans une époque où l’on devait surmonter des préjugés politiques et artistiques accumulés le long des années. Le plus étrange est que ce peintre exceptionnel, qui vit dans le monde de sa peinture non-figurative, a vu dans le caractère bien défini de l’art bulgare des valeurs plastiques et spirituelles grâce auxquelles nous pouvions mener un dialogue d’égal à égal avec la tradition européenne.
Baron-Renouard était et reste pour nous une découverte autant artistique qu’humaine faisant preuve d’une vie exaltant la richesse et la plénitude spirituelles.