C’est un signe d’amitié que je dédie à Baron-Renouard, en le remerciant d’avoir choisi le Centre d’Art Contemporain de Rouen pour y exposer quelques oeuvres récentes. Baron-Renouard, qui exerce dans plusieurs instances nationales et internationales des Arts plastiques des fonctions de haute responsabilité sans cesser un instant de rester un homme d’une extrême gentillesse, un esprit accueillant et généreux, ne laisse évidemment pas le hasard travailler à sa place: s’il a choisi Rouen, c’est qu’il l’a voulu. Nous en sommes fiers et tous les visite~rs de l’exposition comprendront vite pourquoi.
En attendant que l’artiste nous revienne, sinon dans tous ses états, plutôt sous toutes ses facettes, pénétrons dans son oeuvre par cette ouverture qui en expose certains des plus beaux thèmes. Je ne dirai pas aujourd’hui la situation de Baron-Renouard parmi les peintres de sa génération, je n’expliquerai pas de qui il est héritier, avec qui il cousine, ni ne nommerai sa postérité (parfois ingrate et oublieuse ! ••• ). Simplement, je ne tairai pas (car, le voudrais-je que je ne pourrais pas m’en retenir) le bonheur que m’apporte la peinture de Baron-Renouard : à la lettre, elle m’enchante.
La banalité, ce qui est prosaïque, la vulgarité, la facilité, bref ce catalogue des horreurs voilà un peintre qui d’instinct le contourne. Depuis que je la connais (trente ans peut-être ••• ), j’observe une oeuvre qui marche vers la liberté, comme un fleuve roule vers l’océan, et le fleuve va toujours s’élargissant. Ce disant, je commence (me semble-t~il) à dessiner la géographie, ou la cosmographie de cette oeuvre. Sans viser à figurer le nôtre, elle a inventé un monde dans lequel nous ne nous sentons pas des étrangers. Oui, portées sur l’aile de l’imaginaire qui échappe à la pesanteur, les formes, les couleurs, la lumière viennent à notre regard, touchent notre sensibilité au point le plus délicat, le plus subtil, allument en nous des incendies de passion, ouvrent le bal de fêtes nostalgiques.
Paysages vus du ciel ou visions intérieures, labyrinthes et envols, lacs et neiges, irrigations très précieuses à la surface de la toile, résonnance des grandes taches rutilantes (comme les gongs d’un orchestre exotique), le génie poétique qui forme le noyau de cette peinture nous atteint par l’un des cercles d’ondes qu’il développe et fait de nous un habitant de « la planète Baron-Renouard ».
Une chose est sOre, le voyage sera merveilleux. Un instant encore, sur le seuil: pour faire à l’artiste un signe de re-connaissance. Et puis, entre « pays », cher Baron-Renouard, c’est bien le moindre !
Notes et références :
Objet : Préface
Auteur : François Bergot, conservateur en chef des Musées de France
Exposition : Exposition particulière de Baron-Renouard
Lieu : Centre d’Art Contemporain de Rouen
Date 1986